Enfin
chez vous !

Rencontre avec Pascale Bartoli et Thierry Lombardi

Rencontre avec Pascale Bartoli et Thierry Lombardi

Pascale Bartoli et Thierry Lombard ont installé leur agence, Architecture 54, à Bandol puis à Marseille. Conciliant une activité de maîtrise d’oeuvre urbaine et architecturale, ils ont réalisé de nombreux équipements publics et privés ainsi que de nombreuses villas de rêve sur la côte d’azur.

 

Présentez-nous votre agence :

"Notre structure, Architecture 54, compte 8 collaborateurs dans ses locaux proches de la rue Edmond Rostand (6e). Notre agence dynamique et passionnée décline ses compétences dans différents domaines : équipements sportifs, culturels et publics d’une part et restauration, hôtellerie de luxe, commerces, et habitations haut de gamme d’autre part.

 

Si vous deviez définir votre métier en un seul mot, lequel choisiriez-vous ?

« INVENTER » Chaque projet est une page blanche qui permet d’expérimenter un nouveau concept. On fabrique de l’architecture en construisant, en écrivant, et en échangeant avec chaque acteur du projet, on ne peut plus se contenter de solutions sur catalogue.

 

Quelle est votre philosophie de travail ?

« CONSTRUIRE ICI ET MAINTENANT » Autour de la méditerranée, bâtir est une affaire complexe. La dictature du climat impose une amplitude de solutions saisonnières pour satisfaire aux modes de vie. L’architecture doit créer les conditions d’une vie entre extérieur et intérieur, effacer les limites franches pour conserver les sensations d’une vie proche de la nature. Cette fluidité des parcours et de l’aspect fonctionnel des espaces est garantie par un regard rigoureux et ouvert sur la valeur d’usage. Sur ce point, la tradition est guide qui nous permet de renouveler les programmes et notre architecture dans une approche sensible aux sites et à l’environnement.

 

Où puisez-vous vos inspirations ?

Les techniques de constructions, les matériaux constituent souvent les sources d’inspiration dominantes de nos projets. On s’appuie également sur nos expériences passées, sur notre univers culturel au sens large : arts plastiques, arts culinaires, cinéma, actualité mais aussi les rencontres humaines, la vie sous toutes ses formes… Dessiner, c’est composer avec un lieu. A l’instar de Fernand Pouillon, notre architecture est née de notre région, de ses paysages, de son patrimoine et de sa culture. Nos recherches architecturales portent sur l’intégration orographique de l’architecture (en symbiose avec le relief et les caractéristiques géologiques d’un site), ce qui présume un glissement de la logique d’objet symbolique à celle de dispositif, d’infrastructure habitable. Ainsi nos principales réalisations mettent en avant des volumes simples et formels dont le système constructif est le seul indice d’une intervention savante. Le projet est ainsi l’occasion de mettre en avant des savoir-faire et des techniques de construction qui ont tendance à se raréfier. Les matériaux bruts et naturels sont choisis pour leur provenance locale et pour leur capacité à recomposer un paysage.

 

Parlez-nous de vos plus beaux projets:

Au fil des années, nous avons travaillé sur différentes typologies de projet. Nous avons notamment imaginé un décor de fête galante à la Antoine Watteau, qui reflète un charme et un art de vivre en Provence, pour le restaurant de Gérald Passédat, Albertine. Dans un tout autre registre, nous avons également travaillé, pour des particuliers, sur la problématique de l’intégration d’une piscine au coeur d’une bastide au Lavandou. La piscine ainsi créée est entièrement revêtue de pierre de Barcelone, s’avance tel un miroir sur la mer tandis qu’un banc de pierre, cernant la terrasse, invite à la méditation. Enfin, nous nous sommes également attaqués à des structures à très grande échelle, comme le gymnase du Lycée Costebelle, à Hyères Les Palmiers.

Le projet est établi autour de trois principes : la sobriété d’usage, l’austérité des moyens techniques et l’affirmation de la matière. Il abrite une salle multisports avec une tribune de 200 places, 6 vestiaires, salles de réunions, bureaux et dépôts. La valeur d’usage et la prise en compte des hommes et de leur environnement sont des principes instinctifs qui ont guidé le projet. La résille géométrique mise au point à partir de la figure élémentaire du triangle joue dynamiquement avec la lumière. Elle reflète encore la qualité du travail manuel des charpentiers qui ont assemblé cette structure. La charpente en pin massif qui nécessitait unegrande quantité de bois classe IV avec des sections importantes a permis de raviver la filière Corse du pin Laricio de Calacuccia. Son bilan carbone était excellent et sa disponibilité en quantité.

 

Quel est, selon vous, le principe en matière d’architecture à toujours respecter ?

Architecture 54 a pour ambition de reposer les bases d’une architecture plus innovante mais paradoxalement plus authentique. Il nous incombe de répondre aux attentes et problématiques de nos maîtres d’ouvrage en renouvelant en permanence notre écriture architecturale. A l’idée d’un style, concept trop figé, il est préférable de favoriser une continuité de notre état d’esprit radical et généreux. Chaque projet mobilise notre sensibilité et offre ainsi l’occasion d’expérimenter un matériau, une technique artisanale, un dispositif spatial, un procédé structurel.

 

Quelles sont vos spécificités ?

La construction est au coeur de notre processus de projet. Pour un architecte la technique c’est avant tout une question de culture, l’essentiel n’est pas de devenir un constructeur ou de se substituer aux ingénieurs mais d’assimiler les quelques principes fondamentaux qui régissent l’univers de la construction du passé, du présent et du futur. Notre duo féminin et masculin, utopiste et bâtisseur donne à l’agence une identité « contrastée », une vision architecturale à la fois sensible et contemporaine. Nos contrastes, tels des opposés qui s’attirent, sont une expression d’une réflexion recherchée. Nos perceptions s’imbriquent, se complètent et donnent vie à des résultats étonnants.