Enfin
chez vous !

Rencontre avec Sylvain Ravel

Respectueux des attentes et des désirs d’autrui, Sylvain Ravel fait partie de ces décorateurs d’intérieurs qui cherchent à guider leurs clients sans rien imposer. Pour Surface Privée, il revient sur sa vision du métier et le secret d’une décoration réussie.
Rencontre avec Sylvain Ravel

APRÈS UNE FORMATION DE PEINTRE EN DÉCOR DU PATRIMOINE À L’ÉCOLE D’AVIGNON, VOUS AVEZ CHOISI DE VOUS TOURNER VERS LA DÉCORATION D’INTÉRIEUR, POURQUOI CE CHOIX ?

Tout juste diplômé, j’ai été embauché par un décorateur d’intérieur. Pendant plusieurs années, j’ai travaillé à son service pour la réalisation de décor pictural. Par la suite, j’ai lancé mon atelier de création et de fabrication de mobilier en béton Ductal® et Corian® en association avec une architecte aixoise. J’étais focalisé sur l’activité manuelle et j’ai eu envie de me tourner vers une approche plus conceptuelle et de travailler la décoration d’intérieur dans sa globalité, c’est ainsi que Ravel Décoration est née.

QUELLE EST VOTRE PHILOSOPHIE ARCHITECTURALE ?

Je suis pour le respect des styles. Un bâtiment appartient à une époque, il est pour moi important de garder le lien avec celle-ci. Par exemple, je travaille actuellement sur une maison des années 40, et je cherche à conserver les génoises qui lui donnent tout son caractère. Bien évidemment, des touches de modernité peuvent être apportées. La redistribution des pièces notamment ne correspond plus à notre manière de vivre. Le mobilier lui permet plus de souplesse et une plongée dans sa période de prédilection.

VOUS RÉALISEZ AUSSI BIEN L’INTÉRIEUR DE LOGEMENTS PRIVÉS QUE COMMERCIAUX COMME DES HÔTELS, RESTAURANTS OU BOUTIQUES. A-T-ON LA MÊME LIBERTÉ D’EXPRESSION DANS CES DEUX TYPES DE PROJETS?

Je dirais plutôt que les contraintes ne sont pas les mêmes. Par essence, les bâtiments commerciaux ont vocation à recevoir du public, de ce fait il y a des normes très strictes à respecter. Avec les particuliers, nous sommes avant tout soumis à leur goût et à l’enveloppe budgétaire allouée aux travaux. Alors que les espaces publics se doivent de marquer les esprits, les lieux privés ont tendance à être plus timorés, même si la décoration d’intérieur prend une place de plus en plus prépondérante. Dans les deux cas, je cherche à m’adapter au client, à le guider dans ses choix et à m’effacer derrière son mode vie.

QUI SONT VOS RÉFÉRENCES ?

Sans réfléchir, je dirais Mies Van der Rohe pour le côté visionnaire, Jean Prouvé pour la simplicité des lignes, Starck le surdoué pour son coup de crayon et enfin Andrée Putman pour la fantaisie.

QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS À UNE PERSONNE QUI SOUHAITERAIT MODIFIER SON INTÉRIEUR À MOINDRES FRAIS ?

À mon sens, un intérieur est réussi si l’atmosphère qui s’en dégage à une certaine cohérence. Le regard doit avoir un fil conducteur qui le guide de pièce en pièce. Ainsi, il faut éviter de multiplier les couleurs et les matières fixes. Un sol différent dans chaque pièce et une peinture distincte sur chaque mur brouilleront la lecture. Je recommande souvent d’alléger et d’unifier afin de créer une base de travail. Ensuite, il est plus facile d’agrémenter tout en restant dans les mêmes tons. Autre conseil, habiller ses fenêtres de rideaux pour apporter de la chaleur, une touche de gaieté et limiter la résonnance des bruits.