Enfin
chez vous !

Portrait / Aldo Bakker

Aldo Bakker préfère l’intimité de son studio de design aux feux des projecteurs. C’est là, loin de tout, qu’il se laisse aller à la rencontre de formes organiques qui deviendront dans un second temps des objets avec un usage. Plongeons dans l’univers d’un créateur prolixe.
Portrait / Aldo Bakker

SES DÉBUTS

Né aux Pays-Bas, Aldo Bakker est très vite immergé dans le monde de l’art. Fils d’une créatrice de bijoux et d’un pionnier du design conceptuel, il éprouve dès son plus jeune âge le besoin de créer de ses propres mains. Après s’être lancé dans la création joaillière, il se fascine pour les objets du quotidien. Autodidacte, il fuit les cours pour se nourrir d’expositions et de livres. Et c’est avec le même naturel qu’il initie, à la fin des années 80, son propre studio à Amsterdam.

SON PARCOURS 

Au cours de la dernière décennie, le travail de Bakker a été salué à de nombreuses reprises par la critique. En 2011, le Zuiderzeemuseum à Enkhuizen, sa ville natale, organise une exposition rétrospective aux côtés de ses parents. De sa mère, qu’il a perdu à l’âge de 13 ans, il hérite de l’ingéniosité créative. De son père, la passion du geste, de l’ornement et une aversion génétique pour la production de masse. En 2012, il est lauréat de la compétition d’architecture Z33. La même année, c’est la consécration, le magazine Wallpaper l’élu designer de l’anée. Tout s’accélère alors. Après avoir vu ses œuvres être acquises par le Pavillon des Arts et du Design de Londres, c’est de l’Italie dont il s’attire les faveurs en participant à la Milan Design Week dès 2013.

SON STYLE

Loin de la frénésie des modes, Aldo Bakker est un designer du temps long. Loin des fugacités des tendances, il revendique de créer des objets déclencheur d’émotions. À la fois étrange et familier, ses créations se concentrent plus sur la forme que sur la fonction. Visant à soulever des questions et à déclencher des réponses, rien n’est jamais écrit ou expliqué. Ici, c’est à l’usager d’imaginer l’utilisation. « Mes objets, dit-il, doivent être capables de créer un espace environnant, de définir leurs contextes de manière indépendante. Je remets en question leur signification et, par conséquent, leur utilisation. Idéalement, un objet acquerrait un statut d’auto-légitimation sans influence de l’environnement ».

SES CREATIONS EMBLÉMATIQUES

Aussi singulières soient-elles, toutes ses créations ont pour point commun de tirer du côté des formes inattendues plutôt que des modèles traditionnels. Ainsi, quand il se passionne pour les arts de la table, ce sont des modèles inusités qui prennent vie à l’instar de ses saucières (AlinetoB, Puiforcat) ou de ses pichets (Chalice). Plus récemment, c’est avec sa table basse Sitting Table, inspirée des positions assises des Sioux, qu’il défraye la chronique.

SON ACTUALITÉ

Actuellement, les œuvres d’Aldo Bakker sont exposées à Paris. Dans la galerie Carpenters Workshop, une mise en scène feutée laisse s’exprimer des meubles aux formes fluides. Sculptés dans des matériaux très divers (granit, marbre, aluminum), tous ont la particularité d’être revêtus d’une laque traditionnelle japonaise : l’urushi. Créant une texture soyeuse, cette technique vieille de 12 000 ans sonne comme une invitation à la contemplation ; faut-il s’étonner que l’exposition s’appelle Slow Motion ?