Enfin
chez vous !

RENCONTRE AVEC MARGAUX KELLER

RENCONTRE AVEC MARGAUX KELLER

S’affranchir des modes, des tendances pour mieux s’interroger sur les usages telle est la devise de Margaux Keller. À la tête de son studio éponyme et directrice artistique de Bibelo, elle nous dévoile un design à la fois utile et empreint d’émotions.

 

APRÈS VOS ÉTUDES, VOUS AVEZ FAIT VOS ARMES SUR LES BANCS DE L’AGENCE STARCK, ET AUPRÈS DE L’ÉQUIPE DEDESIGN DE LA FABRICA DE BENETTON. QU’EST-CE QUI VOUS A POUSSÉ À CRÉER VOTRE PROPRE STUDIO ?

J’ai toujours souhaité créer mon agence pour pouvoir raconter mes propres histoires. Mais avant ça, j’avais besoin de me former.Fraîchement diplômée de l’ENSAAMA Olivier Serres et de l’École Boulle, j’ai rejoint l’agence Philippe Starck. En 2011, j’ai été sélectionnée pour faire partie de l’équipe de design de la Fabrica, résidence impulsée par Benetton. À la fin de cette année italienne, je me suis retrouvée face à un choix décisif : partir à Paris ou rentrer dans ma ville natale de Marseille. La cité phocéenne bouillonnée, car amorcé son année de Capitale Européenne de la Culture, j’ai profité de cette vague pour y créer mon propre studio.

 

POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE SUR VOTRE DÉMARCHE DE DESIGN GLOBAL ?

Mon travail de designer est de repenser les usages, en ce sens il est logique qu’il englobe la création de mobilier mais aussi la conception d’espace. Ma première mission de design global m’a été confiée par « Le coiffeur ». Je me suis interrogée sur les attentes que l’on pouvait avoir d’un salon de coiffure. L’intimité et le bien être me sont apparus comme les valeurs essentielles à repositionner. C’est pourquoi, j’ai clairement délimité les espaces coiffure, shampoing et accueil, mais aussi conçu du mobilier allant dans ce sens comme les coiffeuses-alcôves ou encore la cabane à shampoing.

 

VOUS PRÔNEZ L’ÉMOTION AU CENTRE DE PROCESSUS CRÉATIF, POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE PLUS ?

À la dimension esthétique et fonctionnelle, nécessaire à tout projet, j’ajoute toujours une touche d’émotion. Ce supplément d’âme va donner à l’objet toute sa valeur. Agissant comme une véritable madeleine de Proust, il crée un lien avec son propriétaire qui le conservera plus longtemps qu’une simple chaise. Par exemple pour « Les Pescadous », j’ai couronné de longs vases de verre d’un flotteur de pêche. Derrière ceux-ci, chacun y place la référence qu’il souhaite : une partie de pêche avec son grand-père, un voyage en bord de mer… À ma façon, il s’agit là de faire du design durable.

 

QUELS SONT VOS PROJETS À VENIR ?

Je m’occupe du design global d’un restaurant qui ouvrira dans les environs d’Aix-en-Provence. Cette brasserie de 250m2 reprendra les codes provençaux comme le cannage et jouera sur les intérieurs / extérieurs… Je suis également directrice artistique de Bibelo. Cet éditeur de mobilier s’est donnée pour mission de sortir les enfants cambodgiens des déchetteries, de les scolariser et de les former à des métiers manuels comme l’ébénisterie ou encore la serrurerie. Ensemble, nous allons présenter au salon Maison et Objet une solution de mobilier correspondant à la fois aux contraintes de l’intérieur et de l’extérieur. Dans la continuité de la collection Swim, nous avons imaginé des tables nomades. Nous avons également décliné la gamme au format enfant, un jeu de miniaturisation qui nous a beaucoup plu.